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Chapitre III Les Documents D?archives Ottomanes

ŞİNASİ OREL*
Les Telegrammes de Talât Pacha
 

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LES DOCUMENTS D’ARCHIVES OTTOMANES

CHAPITRE IIILES DOCUMENTS D’ARCHIVES OTTOMANES

 

Pour compléter la démonstration de la fausseté des documents d’Andonian, des documents provenant des archives ottomanes, authentiques ceux-là, seront publiés dans ce chapitre sous les mêmes titres qu’a utilisés Andonian. Les affabulations et les allégations de celui-ci seront ainsi facilement démontrées et contredites.

Dans cette partie, les textes des documents d’archives ottomanes seront publiés soit intégralement, soit sous forme de résumés; les originaux de ces documents seront publiés dans la partie annexe intitulée «Les documents authentiques». Les textes des documents et leurs originaux seront numérotés dans l’ordre pour qu’ils soient facilement repérés.

Nous avons respecté, en les traduisant, le style très particulier de l’ancien ottoman. La traduction française en souffre, mais du moins restons-nous toujours au plus près du texte original.


 

1 - La prétendue préméditation
Dans la partie intitulée «La préméditation», Andonian soutenait que le «massacre arménien» était planifié d’avance par le gouvernement turc, sous le prétexte que tous les Arméniens préparaient un soulèvement général, alors qu’ils n’avaient nullement de telles intentions.

De même, Andonian essayait d’expliquer le prétendu massacre arménien par le fait que le comité Union et Progrès et le gouvernement turc considéraient les Arméniens comme l’ennemi principal de la nation turque et voyaient en eux la cause de tous leurs malheurs.

En fait, le gouvernement ottoman n’a considéré les Arméniens comme principal ennemi ni à la date précisée par Andonian ni auparavant, et il n’a jamais eu besoin de prendre une telle attitude. Jusqu’à la date des événements qui ont causé leur déplacement, les citoyens arméniens ont été considérés comme des citoyens ottomans à part entière, soumis aux mêmes règles que les autres. Il est bien connu que les citoyens arméniens faisaient partie intégrante de l’administration ottomane, et que certains y ont même occupé des postes ministériels. Il n’est pas nécessaire ici de citer longuement des exemples. Mais on ne peut passer sous silence le fait que les gouvernements ottomans avaient parfois laissé l’administration des Affaires étrangères et des Finances à des citoyens appartenant à une communauté censée être considérée comme «l’ennemi le plus dangereux»...
La parole est aux documents:


 
A- Les écoles, les églises et les cimetières arméniens
On peut se faire une idée du comportement du gouvernement ottoman à l’égard des Arméniens jusqu’aux événements qui nous préoccupent en étudiant les documents relatifs aux institutions arméniennes de caractère spécial telles que les écoles, les églises et les cimetières.

 On peut se faire une idée du comportement du gouvernement ottoman à l’égard des Arméniens jusqu’aux événements qui nous préoccupent en étudiant les documents relatifs aux institutions arméniennes de caractère spécial telles que les écoles, les églises et les cimetières.

 

Dans son livre, Andonian avait pris à témoin Naim Bey et les faux documents. Dans ce livre-ci, on se réfère à d’authentiques documents d’archives.

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO I
«Décret impérial no 660
«24 avril 1330 (7 mal 1914)
«Dans le contexte des immeubles tels que les églises, les écoles et autres cons truits dans le département d’Ayd?n et qui n’ont pas obtenu le permis de bâtir, la construction qui se trouve sur un terrain de 460 m de largeur et qui mesure 9,75 m de long, 6,75 m de large et 6,5 m de haut... est enregistrée en tant qu’école arménienne conformément aux attributions officielles annuelles et à l’article 129 du règlement de l’Education générale, par décret du Conseil d’Etat.

«Les ministres de la Justice et des Confessions, des Finances et de l’Education sont chargés de l’application de ce décret impérial [1].»

DOCUMENT AUTHENTIQILE NO II
«Décret impérial no 681
«27 avril 1330 (10 mai 1914)
«Le permis de construire une église appartenant à la communauté arménienne sur la colline qui se trouve au milieu d’un champ de 50 acres de large, sur le terrain qui fait l’objet d’un don de Kechichian Kuçuk Artin Kahya, situé dans la région de Gedigi, du village de Hasanbeyli, de la commune de Bahçe, du sand-jak de Cebelibereket... a été accordé par décret du Conseil d’Etat.

«Les ministres de la Justice et des Confessions et des Finances sont chargés de l’application de ce décret impérial [2].»

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO III
«Décret impérial no 851
«22 mai 1330 (4 juin 1914)
«L’établissement d’une résidence destinée au prêtre parmi l’ensemble de cons tructions utilisées comme école de filles arméniennes à Trabzon... est approuvé par décret du Conseil d’Etat.

«Les ministres de la Justice et des Confessions, des Finances et de l’Education sont chargés de l’application de ce décret impérial [3].»

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO IV
«Décret impérial no 1232
« 1er juillet 1330 (14 juillet 1914)
«Le permis de construire tine école destinée aux enfants arméniens dans le quartier arménien de la commune de Refahiye de la ville d’Erzurum, sur une parcelle de terrain légué par Vahan, fils de Tuncu..., a accordé par décret du Conseil d’Etat.

« Les ministres de la Justice et des Confessions, des Finances et de l’Éducation sont chargés de l’application de ce décret impérial [4].»

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO V
« Décret impérial no 2190
« 9 novembre 1330 (22 novembre 1914)
« L’édification d’un cimetière pour la communauté arménienne dans les vignes situées à une distance d’un quart d’heure de la commune de K?n?k, de la ville de Bergama... a été autorisée par décret du Conseil d’Etat.

«Les ministres de la Justice et des Confessions et des Finances sont chargés de l’application de ce décret impérial [5].»

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO VI
« Décret impérial no 2354
« 1er décembre 1330 (14 décembre 1914)
«Le permis de construire une nouvelle église pour la communauté arménienne dans la commune d’Osmaniye de la ville d’Adana, sur un terrain du domaine de Sahak Efendi, catholicos de Sis (Kozan)..., a été accordé.

« Les ministres de la Justice et des Confessions et des Finances sont chargés de l’application de ce décret impérial [6].»

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO VII
«Décret impérial no 140
«23 mars 1331 (5 avril 1915)
« Le permis de construire une église destinée à la communauté arménienne pro testante dans le district de Gemerek, de la commune de Tenus, de la ville de Sivas, sur un terrain de 1.800 m2, de 20 m de long, de 15 m de large et de 9 m de haut, comportant 2 portes et 12 fenêtres et un clocher de 17 m de haut, a été accordé par décret du Conseil d’Etat.

«Le ministre de la Justice et des Confessions est chargé de l’application de ce décret impérial [7].»

Comme on peut le constater, les permis de construire des écoles, des églises et des cimetières sont accordés selon les procédures légales et ordinaires aux Arméniens, considérés par les Turcs, d’après Andonian, comme le «plus grand ennemi».

Le dernier document ci-dessus est daté du 5 avril 1915. La première des deux prétendues lettres envoyée par le comité Union et Progrès au délégué d’Adana Cemal Bey, et qui constitue pour Andonian la preuve de la prétendue préméditation, est datée, Si On ne prend pas en considération l’erreur de date, du 18 février (3 mars) 1915. Le permis de construire une église dans le district de Gemerek a donc été accordé après la prétendue décision de massacre, ce qui contredit sérieusement les allégations d’Andonian.



B - Les fonctionnaires arméniens dans l’administration
Après qu’eut été prise la prétendue décision de massacre, et contrairement aux allégations d’Andonian, n’importe qui peut constater que les Arméniens sont toujours à leurs postes dans l’administration ottomane.
Voici deux exemples de documents authentiques:

Après qu’eut été prise la prétendue décision de massacre, et contrairement aux allégations d’Andonian, n’importe qui peut constater que les Arméniens sont toujours à leurs postes dans l’administration ottomane.Voici deux exemples de documents authentiques:

 

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO VIII (lettre d’accompagnement d’un rapport d’inspection)

«Du Bureau d’inspection administrative du département de Bitlis au ministère de l’Intérieur
«26 mars 1331 (8 avril 1915)
«Ci-joint le rapport concernant l’inspection accomplie par l’inspecteur administratif Mihran Boyadjian dans la commune d’Eruh auprès des commissions de Guerre et de Défense nationale à la date du 26 mars 1331 (8 avril 1915) [8]»

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO IX
Télégramme chiffré du ministère de l’Intérieur au sandjak de Kal’a-i Sultaniye (Çanakkale).
«Réponse à la lettre du 16 mai 1331(29 mai 1915).
«Il n’y a aucun inconvénient au voyage du sous-préfet de Bayramiç, Karabet Efendi, à Istanbul. 23 mai 1331 (5 juin 1915) [9].»

Si un «massacre collectif avait été décidé, aurait-on jamais permis à un inspecteur arménien d’exercer ses fonctions dans le cadre de questions de Défense? En aurait-on maintenu un autre dans ses fonctions de sous-préfet?


 

C - Les événements nécessitant le déplacement des populations arméniennes

On sait qu’Andonian prétend que le «gouvernement turc a essayé de justifier les massacres en alléguant que les Arméniens étaient prêts à tine insurrection générale».

L’insurrection générale n’est nullement une allégation, comme le prétend Andonian, mais une réalité.

Cette insurrection, comme on l’a vu dans le chapitre II, est acceptée aujourd’hui par les milieux arméniens de propagande et de terrorisme, ainsi que par des écrivains étrangers défenseurs des thèses arméniennes.

Cette réalité était attestée, en outre, par Bogos Nubar Pacha dans sa lettre datée du 30 novembre 1918 à M. Pichon, ministre des Affaires étrangères de la France.

Voici des documents d’archives relatifs aux activités terroristes et à l’insurrection des Arméniens antérieures à la décision du transfert des populations:

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO X
Message secret numéro 725 du ministère de I’Intérieur au ministère de la Guerre.
«Il a été indiqué par le télégramme chiffré en date du 17 août 1330 (30 août 1914) de la préfecture d’Alep qu’une bande de 40 Arméniens pourvus d’armes à feu automatiques, interdites, ont pillé à une distance d’une heure de la commune de Zeytun 21 voyageurs qui venaient à Mara?, s’emparant par la force de plus de 12.000 piastres; qu’après que le bruit de cet événement un peu grossi se fut répandu, 30 soldats de la population des villages de cette région, soupçonnant une attaque contre leur village, s’enfuirent de leur caserne pour rejoindre leur village; que l’événement aurait eu un très mauvais impact sur les musulmans; qu’on a eu l’impression que si aucun acte de répression ne se produisait contre la population [arménienne] de Zeytun, les musulmans aussi se livreraient à une action semblable, et bien qu’il ait été décidé d’envoyer la compagnie mobile du sandjak à Zeytun, qu’on ne pouvait rien faire avec les forces de cette compagnie constituée de plus de 200 nouvelles recrues, mais qu’il était toutefois possible d’assurer la sécurité de Mara? avec la gendarmerie; et comme il n’y avait pas d’inconvénient à déplacer le bataillon de réserve constitué de 1.160 soldats, dont la moitié étaient formés, qu’il fallait l’envoyer à Zeytun pour punir les agresseurs. Il a de même été indiqué que le commandement général de Syrie et des environs, et le commandement du corps d’armée en étaient informés et qu’il fallait remplacer par d’autres les forces qui avaient été enlevées à Zeytun du fait de la mobilisation.

Il vous est recommandé de faire savoir au commandement du corps d’armée la nécessité de prendre des mesures nécessaires pour assurer la sécurité de Zeytun et de ses alentours, rendue encore plus nécessaire depuis le déroulement de ces récents événements.

19 août 1330 (1er septembre 1914)
«Au nom du Ministre de l’Intérieur, le Sous - Secrétaire d’Etat, Ali Münif [10].»

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO XI
«Du commandement de la 3e armée au commandement en chef par intérim. «On apprend qu’au Caucase les Russes, en armant les Arméniens russes et ottomans ainsi que les Grecs, ont formé des bandes, et qu’ils les envoient de notre côté pour élargir l’organisation de ces bandes dans le pays ottoman lui-même. Ces informations se voient confirmées de jour en jour, et le nombre des déserteurs arméniens augmente dans les troupes.

«J’avais eu l’honneur de vous informer des précautions à prendre à ce sujet par le message numéroté 347 et daté des 10/11 septembre 1330(23/24 septembre 1914).

«En outre, il faut prendre de vigoureuses mesures contre les familles des déserteurs et des traîtres, punir avec rigueur les paysans qui soutiennent les bandes, disperser celles qu’on rencontre dans n’importe quel village, et le faire savoir. J’ai l’honneur de vous informer de la nécessité de prendre une décision à la fois générale et ferme à ce sujet, et de ne pas laisser traîner cette affaire.
28 septembre 1330 (11 octobre 1914) [11].»

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO XII
Télégramme chiffré numéroté 4073 de Kâz?m Bey, commandant de la division mobile de Saray (Ozalp), au commandement de la 3e armée.
«Extrêmement important. Ne pas retarder même d’une minute.
 
«L’ennemi [les forces russes] a attaqué aujourd’hui Deyr [Ba?kale]. Il a des canons et des mitrailleuses. Je crois qu’on sera obligé de se retirer vers Ho?ab [Güzelsu] puisqu’on n’a pas assez de forces à lui opposer.

«D’après les aveux de deux espions capturés, il apparaît qu’un soulèvement aura lieu ces prochains jours à Van et dans le département. La situation en témoigne aussi. Je vais partir en direction de Ho?ab avec tine partie des troupes de Saray. Néanmoins, comme ces forces sont assez considérables, nous nous trouverons dans une situation difficile si un soulèvement éclate à l’intérieur du département, et il est utile de savoir que les forces rassemblées à Revandiz ne sont pas parties.
16 novembre 1330 (29 novembre 1914) [12]»

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO XIII
Télégramme chiffré no 131 du ministère de I’Intérieur à la préfecture de Van.
«Le ministère de la Poste et du Télégraphe a fait savoir que la ligne télégraphique de Re?adiye et de Karç?kan avait été détruite par endroits, qu’un affronte ment avait eu lieu avec les Arméniens, auteurs de cette destruction, et qu’à la suite de cet affrontement la ligne n’a Pu être rétablie.

«Prendre les mesures nécessaires pour la réparation rapide de la ligne télégraphique, s’emparer des auteurs de cette destruction et donner des informations sur l’affrontement qui s’est produit.
2 décembre 1330 (15 décembre 1914)
Le Ministre de l’Intérieur, Talât [13].»

DOCUMENT AUTHENTIQUE NI XIV
Télégramme chiffré no 142 du ministère de l’Intérieur à la préfecture de Van.
«Le ministère de la Poste et du Télégraphe a fait savoir que certains villageois arméniens de la région située entre Van et Bitlis ont pris les armes, que des déserteurs arméniens les ont rejoints, et qu’ils ont assassiné, après les avoir capturés dans une embuscade, le juge et son compagnon, qui allaient à Geva?, ainsi que les gendarmes de la poste chargés d’expédier le courrier de Geva? à Van. De ce fait, les expéditions Van-Bitlis ont été interrompues.

«En prenant contact avec la préfecture de Bitlis, rétablir le service de la poste et du télégraphe et transmettre immédiatement les informations dont dispose la préfecture.
15 décembre 1330 (28 décembre 1914)
Le Ministre de I’Intérieur, Talât [14].»

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO XV
Télégramme circulaire chiffré numéroté 1053 du ministère de l’Intérieur aux préfectures d’Edirne, Erzurum, Adana, Ankara, Ayd?n, Bitlis, Alep, Hudavendigâr (Bursa), Diyarbak?r, Sivas, Trabzon, Mamuretilaziz (Elaz??), Van; aux sandjaks d’Urfa, Izmit, Bolu, Canik (Samsun), Karesi (Bal?kesir), Kayseri, Karahisar (Afyon).

«L’apparition à Bitlis des brigands arméniens, les attaques des Arméniens contre les soldats à Alep et à Dörtyol, la découverte de documents chiffrés en russe, français et arménien et celle d’une grande quantité de bombes à Kayseri montrent que nos ennemis préparent une révolte dans le pays; contre toute éventualité, une déclaration spéciale et générale a été faite aux armées par le corn mandement en chef par intérim, concernant d’une part les opérations à effectuer dans les régions où de tels mouvements sont susceptibles de se produire, et d’autre part les soldats arméniens qui se trouvent sous les armes.

«En ce qui concerne les affaires qui sont du ressort de l’administration civile, il est vivement conseillé de prendre les mesures nécessaires en contactant les autorités militaires sans perdre de temps.
Le 15 février 1330 (28 février 1915)
Le Ministre de l’Intérieur, Talât [15].»

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO XVI
Télégramme chiffré numéroté 689 de la préfecture de Bitlis au ministère de l’Intérieur en supplément au télégramme chiffré du 16 février 1330 (1er mars 1915).

«1/ Les documents saisis à Hizan ont été entièrement traduits et remis à la cour militaire. Bien que ces documents changés de haine, polycopiés à la main, ne portent pas de date, étant donné qu’ils parlent de la Réforme [celle du 8 février 1914], on voit qu’ils ne sont pas anciens. Le règlement du comité Dachnak, polycopié de la même façon, ne porte pas non plus de date.

«Le règlement imprimé du comité Dachnak des Balkans, trouvé parmi les documents, est daté de 1910.

«On a pu constater que la jument manquée, attrapée à Hizan, appartient à Ichkan, l’un des leaders du Dachnak. Ce fait montre que des gens étaient venus de Van spécialement, pendant ou avant les événements. L’un des militants du Dachnak, Lato, du village d’Iririn, et ses hommes, ainsi que 38 personnes identifiées des villages de Karç?kan, sont venus à Hizan et ont pris part aux combats.
«2/ Un détachement a été envoyé aux trois monastères bien fortifiés qui dominent entièrement la plaine de Mu?.

«3/ L’impression que la force du gouvernement était supérieure à celle du Comité a été suffisamment donnée aux paysans [arméniens]. Les brigands [arméniens] qui avaient fui le monastère d’Arak n’ont pas été reçus par les villages de la plaine où ils voulaient se réfugier. On a appris aussi que les villages arméniens des montagnes ont fait dire qu’ils ne les recevraient pas. Cette dernière nouvelle n’est cependant pas confirmée.

«4/ Tant que nous tiendrons les monastères avec nos puissants détachements, le moindre mouvement qui risque de se produire dans la plaine sur la ligne de relais pourrait être écrasé rapidement et notre expédition, pan la ligne de relais, serait à l’abri de toute menace.

«5/ On a commencé à faire garder les ponts de Karasu et de Murat par un détachement.

«6/ N’avoir pas attenté à la vie ni aux biens des Arméniens qui n’ont pas utilisé les armes contre le gouvernement a fait un très bon effet. Les notables arméniens de Bitlis et de Mu?, qui ne font pas partie du comité Dachnak, ont explicitement condamné les événements.
 
«7/ Selon les renseignements que j‘ai reçus de Mu?, bien que les principales personnalités connues du comité Dachnak soient introuvables, Papazian [le député de Van, l’un des leaders des comités terroristes arméniens] prétend encore que les événements de Kömüs [village de Çanakdüzü rattaché à Mu?] étaient dus à la trahison des civils et des déserteurs, et que ceux du monastère s’étaient produits à cause de l’intervention soudaine du détachement contre les déserteurs qui s’y étaient cachés et qui entreprirent stupidement de se défendre. Il affirme fermement n’avoir pas pris part à ces événements.

«8/ L’enquête et les recherches concernant les traces des brigands [arméniens] et leur nombre ne sont pas encore terminées.
Le 21 février 1330 (6 mars 1915)
Le Préfet de Bitlis, Mustafa [16].»

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO XVII
Télégramme circulaire chiffré numéroté 885 du général Bronsart [général allemand en fonction dans l’état-major général ottoman] au nom du commandant en chef par intérim.

«Un petit détachement de gendarmerie ayant subi l’attaque d’une bande arménienne de 30 personnes entre Mara? et Zeytun, 6 gendarmes ayant été assassinés, et les nouvelles recrues qui venaient à Zeytun sous la garde de deux gendarmes ayant été emprisonnées dans tine église par la population [arménienne] de Zeytun, les auteurs de ces agressions ont été sévèrement punis.

«Les détachements qui auront à passer par les zones où se trouvent les Arméniens doivent être fortement renforcés.
Le 5 mars 1331 (18 mars 1915) [17]»

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO XVIII
Télégramme chiffré de la préfecture de Sivas au ministère de l’Intérieur.
«Les armes saisies au village de Pörk après l’enquête et les recherches se révèlent être au nombre de 150, de marque Mauser, Gras, Martin et Schneider. 95 soldats déserteurs ont été arrêtés. 16 villages arméniens de [?ebin] Karahisar et de Su?ehri ont été mis en état de rébellion sous la direction et le contrôle du comité Dachnak, et dans chaque région 3 commandants ont été nommés parmi les Arméniens connus. Il a été établi que la fonction de ces régions était, en cas d’échec (Dieu nous en préserve) de nos armées [face aux armées russes], de s’unir aux autres groupes des villages du département où se trouvent des Arméniens afin de menacer nos armées sur leurs arrières et faciliter l’offensive de l’armée ennemie [russe] en faisant alliance avec elle. 25 personnes appartenant à ce comité sont arrêtées et l’enquête se poursuit.

«En I’absence d’ordre précis à suivre concernant les attaques perpétrées de temps en temps par les Arméniens, on agit en fonction du lieu et de l’événement. Si une décision était prise par l’administration centrale à cet effet, elle est priée de nous le faire savoir.
7/8 mars 1331 (20/21 mars 1915)
Le Préfet, Muammer [18].»
 
DOCUMENT AUTHENTIQUE NO XIX
Télégramme chiffré de la préfecture de Sivas au ministère de l’Intérieur.
«Le nombre des armes saisies au village de Pörk a déjà été indiqué, «La présence d’armes dans d’autres villages situés près de celui-ci étant signalée, des enquêtes sont effectuées. Le prêtre arménien de [?ebin] Karahisar et certains autres Arméniens s’adressent à nous pour faire cesser ces enquêtes et poursuites. Il est probable qu’ils s’adressent aussi au haut - ministère et à d’autres instances.

«Il est à signaler à ce sujet que l’enquête se poursuit, que certains Arméniens impliqués dans cette affaire ont été arrêtés, et que, pour pouvoir agir légalement, l’inspecteur préfectoral de justice a été envoyé là-bas.
15 mars 1331 (28 mars 1915)
Le Préfet, Muammer [19]»

DOCUMENT AUTHENT?QUE NO XX
Télégramme chiffré numéro 3108 du commandement de la 4e Armée (Jérusalem), au commandement en chef par intérim.

«Réponse au télégramme chiffré numéro 5443/194 daté du 26 mars 1331 (8 avril 1915).
«1) L’interprétation du Patriarche [arménien] concernant l’événement est assez loin de refléter la réalité.
«2) Les brigands [arméniens] armés ont attaqué une troupe de gendarmes transportant des munitions à Zeytun.
«3) Dès le début des événements, j’ai consacré tous mes efforts à protéger la population locale du moindre préjudice, à empêcher la moindre agression de la population musulmane même contre les brigands armés. Ce but a été atteint. «Le Patriarche ne peut pas prouver le contraire.
«4) Il est possible de ne pas engager de poursuites à l’encontre des personnes qui n’ont pas participé effectivement à la révolte, ou qui ne l’ont pas encouragée, qui se rendront sans condition ni réserve de leur propre gré, et qui déposeront leurs armes. Cependant, je ne peux consentir à ce qu’on le déclare comme une promesse dès maintenant. Il est nécessaire d’envoyer à Konya les personnes qui se seront rendues, de même que celles qui présentent un danger de par leur présence à Zeytun et à Mara?. Dans le cas contraire, je serais obligé de garder des forces trop importantes pour pouvoir veiller à l’ordre public en ces lieux, au cas où l’ennemi déciderait d’attaquer.
«5) L’ingérence du Patriarcat dans les événements de Zeytun, même sous forme de conseils, est inopportune.
27 mars 1331 (9 avril 1915)
Le commandant de la 4e Armée, Cemal [20].»

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO XXI
Télégramme chiffré du ministère de l’Intérieur à la préfecture de Van.
«1) Quelle est votre dernière situation en ville? Quels quartiers sont entre les mains des Arméniens?
«2) Quel est le nombre de morts et de blesses parmi les soldats et la population musulmane dans les endroits attaqués par les Arméniens?
«3) Quel est le nombre de bâtiments et de lieux publics et privés incendiés et détruits ? Quels sont ces lieux publics? A combien peut-on chiffrer les dommages causes?
«4) Quel est le chiffre des morts parmi les chefs des brigands [arméniens] et les personnes connues de la préfecture? Jusqu’à ce jour, combien d’Arméniens sont-ils morts dans la ville et dans les districts?
«5) Quel est le nombre des participants actifs au soulèvement et à l’opération? De quelles régions ces derniers ont-ils obtenu le plus de renforts et d’armes?
«6) Quels sont les effectifs utilisés pour riposter et se défendre depuis le commencement des événements ? Dans quelle mesure a-t-on Pu se servir de la population musulmane de la ville et des districts?
«7) Les documents sur la situation et les effectifs du Comité [arménien] ont-ils pu être obtenus?
«8) Y-a-t-il eu des membres du Comité arrêtés ? Avez-vous assez de forces pour les anéantir ? Etes-vous aidés par l’armée et de quelle façon? Avez-vous besoin d’autres forces?

«Nous informer de manière urgente et détaillée afin que les démarches soient entreprises auprès du commandement en chef.
20 avril 1331 (3 mal 1915)
Le Ministre de l’Intérieur [21]»

Comme on vient de le constater dans ces documents d’archives, des bandes et des comités arméniens sont en rébellion dans plusieurs régions de l’Anatolie centrale, de l’est et du sud-est. Les Arméniens enrôlés dans l’armée ottomane s’intègrent à ces organisations en désertant leurs unités. Les localités arméniennes servent de lieu de refuge et de point d’appui, et leurs habitants participent activement aux agissements terroristes ou à la rébellion. Les deux premiers documents mettent en évidence queues actions terroristes des Arméniens ont débuté avant l’entrée des Ottomans en guerre. Quant à la période de la généralisation et de l’intensification de la rébellion, elle correspond au moment où l’armée ottomane se battait sur toutes ses frontières et où la marine des pays de l’Entente forçait les Dardanelles en direction d’Istanbul, capitale du pays.

La révolte des Arméniens facilitait surtout l’avance des forces russes sur le front de l’est et mettait en péril la sécurité des régions situées derrière ce front. En bref, le pays faisait face à un double péril: le premier provenant de l’extérieur, et le second fomenté à l’intérieur.

Le gouvernement ottoman, face à ce danger, s’est adressé au Patriarcat et aux notables arméniens d’Istanbul pour qu’ils usent de leur influence sur les Arméniens. Comme ces démarches n’ont abouti à aucun résultat tangible, le gouvernement a décidé tout d’abord l’interdiction de tous les comités terroristes arméniens, ensuite le déplacement des populations arméniennes résidant dans les régions touchées et menacées par la guerre.

Dans cette décision, la révolte arménienne de Van et son occupation par les rebelles ont été sans aucun doute des facteurs déterminants. Mais comme cette étude est limitée aux documents d’archives, on n’entrera pas dans le détail de ces questions.


 

D - La fermeture des comités terroristes arméniens
Le gouvernement ottoman a décidé comme première mesure la fermeture des comités terroristes arméniens dont l’existence était tolérée jusqu’à cette date. Bien que les comités Dachnak et Hentchak se fussent constitués à l’extérieur des territoires ottomans, ils avaient poursuivi leurs activités terroristes dans le pays ottoman, adopté la terreur comme méthode pour atteindre leur but, et avaient même imposé ce genre d’action dans leur charte. Comme ce fait est déjà reconnu par plusieurs écrivains arméniens, il n’est pas utile d’insister là-dessus.

Le gouvernement, parallèlement à la fermeture des comités terroristes, décida la confiscation de leurs documents, l’arrestation de leurs dirigeants ainsi que des Arméniens connus pour leurs activités illégales, le rassemblement des plus dangereux en des points déterminés et leur traduction devant des tribunaux militaires. L’évolution de cette situation sera suivie par la décision de déplacement des populations.
On peut constater cette évolution dans les documents qui vont suivre.

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO XXII
Télégramme chiffré du ministère de l’Intérieur aux préfectures d’Edirne, Erzurum, Adana, Ankara, Ayd?n, Bitlis, Alep, Hudavendigâr, Diyarbak?r, Sivas, Trabzon, Konya, Mamuretilaziz, Van, et aux sandjaks d’Urfa, Izmit, Bolu, Canik, Karesi, Kayseri, Ni?de, Eski?ehir, Karahisârisahib (Afyon), Mara?. «Le fait que les comités arméniens, par leurs organisations politiques et révolutionnaires, s’efforçaient depuis longtemps d’obtenir une autonomie, que le comité Dachnak avait décidé qu’après la déclaration de la guerre les Arméniens de Russie passeraient immédiatement à l’action contre nous et que les Arméniens ottomans, ayant attendu l’affaiblissement de l’armée, se révolteraient de toutes leurs forces, que ces comités ont osé se livrer à des actes de trahison de nature à influencer la survie et l’avenir du pays, a été démontré tine fois de plus par les récentes révoltes de Zeytun et Bitlis, de Sivas et Van, en ce moment où l’Etat est en guerre.

«D’ailleurs, la preuve que les activités de ces comités, dont les centres sont établis à l’étranger et qui portent le qualificatif de révolutionnaires dans leurs noms mêmes, visaient à obtenir l’autonomie en utilisant tous les moyens à leur portée contre le gouvernement a été donnée par la découverte de bombes à Kayseri, à Sivas et en d’autres lieux, par les agissements des chefs des comités arméniens qui, bien que sujets ottomans, ont attaqué le pays avec les Russes en formant des régiments de volontaires dans l’armée russe, par les dispositifs considérables qu’ils ont placés pour menacer les arrières de l’armée ottomane et par leurs publications.

«Le gouvernement ottoman, ne pouvant en aucun cas admettre la continuation de tels conspirations et agissements qui posent pour lui une question vitale, et ne pouvant les tolérer, ni considérer comme légale l’existence de ces comités qui n’étaient que des foyers de conspiration, a naturellement estimé nécessaire d’ordonner rapidement l’interdiction de toutes ces organisations politiques.
 
Pour cette raison, il est vivement conseillé, comme il en a décidé avec le commandement en chef par intérim, de procéder à la fermeture dans le départe ment de tous les comités locaux Hentchak, Dachnak et autres, de confisquer tous les documents et archives trouvés dans les centres des comités, et d’empêcher leur destruction et leur perte éventuelles, de procéder aux arrestations immédiates des chefs et des dirigeants de ces comités ainsi que des personnalités connues par le gouvernement pour leurs activités subversives; de rassembler dans les endroits propices, à l’intérieur du département ou du sandjak, les personnes dont le séjour dans leur localité serait nuisible, et d’empêcher qu’elles se livrent à la subversion; de procéder à des fouilles et à des recherches d’armes dans des endroits déterminés; d’être prêt à toute éventualité en prenant contact avec les commandants militaires; de traduire les personnes arrêtées devant les tribunaux militaires, après examen des documents que fournira l’application adéquate de la procédure, et de nous informer au fur et à mesure du nombre de personnes arrêtées et du déroulement de l’application (de ces mesures).

«Pour Bitlis, Erzurum, Sivas, Adana, Mara? et Alep: comme cette instruction n’est qu’une mesure contre les agissements des comités, il est instamment conseillé de prendre des précautions pour empêcher qu’elle n’engendre des meurtres réciproques entre la population musulmane et l’élément arménien.
11 avril 1331(24 avril 1915)
Le Ministre de l’Intérieur [22]»

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO XXIII
Message no 1711 du commandement en chef par intérim au ministère de la Guerre.
«La fermeture immédiate des branches locales des comités Hentchak, Dachnak et autres à Istanbul et dans les départements, la confiscation de leurs archives et documents, de sorte qu’ils ne soient en aucun cas perdus, l’arrestation des chefs et des membres importants des comités connus par le gouvernement ainsi que celle des Arméniens influents et dangereux, le rassemblement dans des lieux déterminés des personnes dont le séjour dans leur propre localité sera jugé dangereux, et la prévention de leur fuite, la recherche d’armes dans des lieux déterminés et la traduction sans délai devant les tribunaux militaires des personnes pour lesquelles cette opération s’impose ayant été décidés par le gouvernement, il est instamment notifié de coopérer à cet effet avec les fonctionnaires de l’administration civile et de leur accorder toute l’aide qu’ils auraient à solliciter.
13 avril 1331 (26 avril 1915)
Le Commandant en chef par intérim, Enver.»

«Cet ordre est notifié aux commandements de la ire armée, 2e armée, 3e armée, 4e armée, 5e armée, au commandement par intérim d’Irak et des régions limitrophes, au 4e corps d’armée, aux commandements des détroits de la mer Noire et de la Méditerrannée, au commandement d’Istanbul, au commandement par intérim du 12e corps d’armée de Mossoul, au sous-secrétaire d’Etat au ministère de la Guerre, au département de l’Armée, au département de la Guerre, â la direction des Affaires judiciaires [23].»
 
DOCUMENT AUTHENTIQUE NO XXIV
Télégramme circulaire chiffré du ministère de l’Intérieur aux préfectures d’Edirne, Erzurum, Adana, Ankara, Ayd?n, Bitlis, Alep, Hudavendigâr, Diyarbak?r, Sivas, Trabzon, Konya, Mamuretilaziz, Van; aux sandjaks d’Urfa, Izmit, Bolu, Canik, Karesi, Kayseri, Karahisârisahib, Ni?de, Eski?ehir, Mara?.

«Il ressort des correspondances reçues que la notification concernant l’éloigne ment et l’arrestation des chefs des comités arméniens et des activités dangereuses a été dans certains endroits mal interprétée, et que, dans la plupart des cas, les personnes visées ont été arrêtées et déplacées vers des lieux assez proches et semblables à leur lieu d’habitation, et que dans plusieurs endroits rien n’a été fait contre les membres des comités et les personnes dangereuses.

«Comme le déplacement des activistes dangereux et des membres des comités de leur lieu d’habitation vers des lieux offrant les mêmes possibilités de conspiration n’aura pas plus de signification que de les envoyer dans des milieux encore favorables à leurs activités, il faut dorénavant tenir compte de cette considération lors des opérations d’éloignement. Il faut également appliquer la mesure d’éloignement aux personnes résidant dans des régions qui, du point de vue de la concentration et des facilités locales, permettent aux Arméniens de poursuivre leurs activités.
19 mai 1331 (1er juin 1915)
Le Ministre de l’Intérieur, Talât [24].»

Les deux premiers documents montrent très clairement les raisons pour les quelles ces mesures s’imposaient: le gouvernement ottoman, face à l’insurrection d’une partie de ses citoyens arméniens et à sa trahison du fait de sa collabo ration avec l’ennemi, prenait des mesures que n’importe quel Etat aurait prises dans une semblable situation.

Le premier document, dans lequel est soulignée la nécessité de prendre des précautions pour que l’application de la décision n’entraîne pas de meurtres réciproques entre la population musulmane et l’élément arménien montre catégoriquement que le gouvernement voulait seulement mettre un terme à des activités dangereuses. Il est un démenti aux allégations de «massacre planifié» sou tenues par Andonian et les milieux qu’il représente.


 

E - La décision de déplacer les populations
On a déjà mentionné qu’en ce qui concerne la décision de déplacer les Arméniens des régions touchées ou menacées par la guerre, la rébellion des Arméniens de Van avait produit l’effet de la goutte qui fait déborder le vase. En effet, la révolte de Van et l’avance de l’armée russe, guidée par des troupes formées d’Arméniens ottomans en direction de Van, ont contraint les forces turques à quitter la ville le 17 mai 1915. Les quartiers turcs de Van ont été incendiés par des Arméniens, et la vile livrée ensuite par les Arméniens aux forces russes d’occupation. La rébellion de Van s’était propagée aux alentours et avait encouragé les comités terroristes arméniens à d’autres actes de rébellion.

L’idée du déplacement massif de la population arménienne est née à la suite de la révolte de Van. Seuls les membres de comités et les activistes dangereux avaient d’abord déplacés. Ce fut la révolte de Van qui mit le déplacement massif de la population à l’ordre du jour. Comme on va le constater sur le document qui suit, cette idée a été mentionnée pour la première fois par le commandement en chef par intérim.

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO XXV
Message très secret du commandement en chef par intérim au ministère de I’Intérieur, no 2049 M.

«Les Arméniens se trouvant autour du lac de Van ainsi que dans les localités connues surtout par la préfecture de Van constituent un foyer permanent de rébellion et de révolte. Je pense pouvoir le disperser en déplaçant la population. «D’après les informations fournies par le commandement de la 3e armée, les Russes ont repoussé le 7 avril (20 avril) à l’intérieur de nos frontières les populations musulmanes vivant à l’intérieur de leurs frontières après les avoir dépouillées. Pour riposter à cet acte d’une part, et pour atteindre le but cité ci-dessus d’autre part, il faut soit repousser ces Arméniens à l’intérieur des frontières russes, soit les disperser avec leurs familles dans les différentes régions d’Anatolie. Je vous prie de choisir une des deux éventualités et de la mettre en œuvre. S’il n’y a pas d’inconvénient, je préférerais repousser les familles des rebelles et les foyers de rébellion à l’extérieur de nos frontières et faire installer dans les mêmes lieux les populations musulmanes venues de l’extérieur.
19 avril 1331 (2 mai 1915) [25]»

Ce document est important car il met en évidence le fait que le motif du déplacement des populations n’est pas politique, mais bien au contraire qu’il s’agit d’impératifs militaires et de sécurité.

Le gouvernement, en même temps qu’il s’apprêtait à mettre en œuvre les mesures de déplacement des Arméniens, préparait une loi à ce sujet.

Cette loi, intitulée «Loi provisoire sur les mesures à prendre en temps de guerre par les autorités militaires à l’égard des opposants aux décisions gouvernementales», est datée du 27 mai 1915 (14 mai 1331). La loi a été promulguée juste après le déplacement effectif des populations. Son caractère provisoire est dû à la vacance du Parlement à cette époque. Le Parlement s’étant à nouveau réuni le 15 septembre 1915, la loi a été votée.
Le texte de la loi est le suivant:

«ARTICLE PREMIER: En temps de guerre, s’ils constatent, de la part de la population et de quelque manière que ce soit une opposition aux ordres du gouvernement ainsi qu’à l’exécution de mesures relatives à la défense du pays et au maintien de i’ordre public, des agressions armées et des actes de résistance, les commandants d’armées, de corps d’armée, de divisions, leur intérim et les commandants de places autonomes sont autorisés à mettre un terme, immédiatement, avec la plus grande rigueur, et en utilisant les forces armées, à toute agression et résistance.

«ART. 2: Les commandants d’armées, de corps d’armée et de divisions peu vent déplacer vers d’autres lieux et y établir individuellement ou collectivement la population des villages et des bourgs en fonction des impératifs militaires, ou dans le cas où ils y décèleraient des actes d’espionnage ou de trahison.

«ART. 3: Cette loi provisoire entre en vigueur le jour de sa publication.

«ART. 4: Le commandant en chef par intérim et le ministre de la Guerre sont charges de l’application de cette loi [26].»

Les soulèvements arméniens n’ont pas cessé malgré la décision de déplace ment des populations, et ils ont continue longtemps: des rébellions ont éclaté le 23 juillet 1915 à Bo?azlayan, le 1er août 1915 à F?nd?kç?k, district de Mara?, le 9 août 1915 à Germü?, district d’Urfa, le 14 septembre 1915 à Antakya, le 29 septembre 1915 à Urfa, le 7 février 1916 à Islâhiye, le 4 avril 1916 à Akda?madeni, le 9 avril 1916 à Tosya [27]. Ces soulèvements ont eu comme conséquence naturelle l’élargissement à d’autres régions de l’application de la mesure de déplacement.


 

F - L‘application de la décision de déplacement
Le gouvernement ottoman, après avoir décidé, face au danger qu’il courait, le déplacement des populations arméniennes, s’est efforcé de prendre toutes les mesures possibles afin que cette opération se déroule dans l’ordre et ne mette pas en danger la vie et les biens des Arméniens déplacés. Cette vérité ressort des documents d’archives.

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO XXVI
Télégramme chiffré du ministère de l’Intérieur à la préfecture de Mossoul (no 15), au sandjak d’Urfa (no7), au sandjak de Zor (no 9).

«Une partie des instructions concernant l’application des mesures à l’égard des Arméniens qui seront envoyés des départements de Van, Bitlis et Erzurum dans vos régions est indiquée ci-dessous:

«Les Arméniens déplacés seront transférés vers les lieux désignés par le gouvernement et y seront installés. (Pour le sandjak d’Urfa: sauf les alentours habités par les Arméniens. Pour la préfecture de Mossoul: les régions sud de la préfecture.)

«Les Arméniens arrivés sur leurs lieux d’installation seront établis, selon la situation et le lieu, soit dans les maisons qu’ils vont construire dans les villages et bourgs existants, soit dans les villages qu’ils reconstruiront en des lieux désignés par le gouvernement.

«Les frontières des villages et districts dans lesquels les Arméniens seront, ainsi que celles des villages arméniens qui seront construits, doivent être distantes d’au moins 25 km de la ligne du chemin de fer de Bagdad et de ses lignes de liaison ainsi que des autres lignes de chemin de fer.

«Le transfert et l’installation des Arméniens qui seront déplacés seront assurés par les autorités locales.

«La sécurité des Arméniens transférés vers leurs lieux d’installation ainsi que la protection des biens qu’ils ont emportés, leur ravitaillement et leur repos seront assurés par les autorités locales se trouvant sur l’itinéraire.

«Les Arméniens déplacés peuvent emporter avec eux tous les biens qu’ils peuvent transporter.  
10 mai 1331 (23 ma? 1915)
Le Ministre de l’Intérieur [28]»
 
DOCUMENT AUTHENTIQUE NO XXVII
Télégramme chiffré du ministère de l’Intérieur à la préfecture d’Adana (no 9), à la préfecture d’Alep (no 18), au sandjak de Mara? (no 17).

«Les Arméniens résidant dans les villages et les bourgs d’Adana, Mersin, Sis (Kozan), Cebelibereket, excepté les chefs-lieux d’Adana, Sis et Mersin (pour la préfecture d’Alep, Iskenderun, Bilan, Cisri?uur, Antakya, le chef-lieu d’Alep étant excepté, pour le sandjak de Mara?, tout le sandjak, excepté le chef-lieu de Mara?), seront transférés et installés, compte tenu des distances, en des lieux désignés par le gouvernement dans la partie est du département de Syrie et dans les parties est et sud-est du département d’Alep. Les Arméniens arrivés à leurs lieux de résidence s’installeront, selon la situation et le lieu, soit d’une façon dispersée dans des maisons qu’ils construiront dans les villages et bourgs existants, soit dans les villages qu’ils reconstruiront en des lieux désignés par le gouvernement.

«Le transfert et l’installation des Arméniens qui doivent être déplacés seront assurés par les autorités locales. La sécurité des Arméniens transférés vers leurs lieux d’installation ainsi que la protection de leurs biens, leur ravitaillement et leur repos seront assurés par les autorités locales se trouvant sur l’itinéraire. Les Arméniens transférés peuvent emporter avec eux tous les biens qu’ils peu vent transporter.
10 mai 1331 (23 mai 1915)
Le Ministre de l’Intérieur, Talât [29].»

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO XXVIII
Télégramme chiffré du ministère de l’Intérieur aux préfectures d’Erzurum (no 14), Van (no 21), Bitlis (no 14).

«Les Arméniens résidant dans les villages et les bourgs du département seront déplacés et installés, compte tenu des distances, dans la partie sud du départe ment de Mossoul, excepté la partie nord qui constitue la frontière avec le département de Van, et dans le sandjak d’Urfa, excepté le sandjak de Zor et le chef-lieu, en des lieux désignés par le gouvernement.

«Les Arméniens arrivés dans leurs villages de résidence s’installeront, scion la situation et le lieu, soit d’une façon dispersée dans des maisons qu’ils construiront dans les villages et les bourgs existants, soit dans des villages qu’ils reconstruiront dans les lieux fixés par le gouvernement.

«Le transfert et le ravitaillement des Arméniens qui doivent être déplacés sont sous la responsabilité des autorités locales.

«La sécurité des Arméniens transférés vers leurs lieux d’installation, ainsi que la protection de leurs biens, leur ravitaillement et leur repos sont sous la responsabilité des autorités locales se trouvant sur l’itinéraire.

«Les Arméniens transférés peuvent emporter avec eux tous les biens qu’ils peu vent transporter.

«Ces transferts seront naturellement réalisés dans les zones où les opérations de guerre le permettent.
10 mai 1331 (23 mai 1915)
Le Ministre de l’Intérieur [30].»
 
DOCUMENT AUTHENTIQUE NO XXIX
Télégramme chiffré de la Direction générale de l’installation des tribus et des émigrés, du ministère de l’Intérieur à la préfecture d’Erzurum.

«Réponse au télégramme du 24 mai 1331 (6 juin 1915).
«Comme les contre-valeurs des biens que les Arméniens ne pourront pas emporter seront remboursées à leurs propriétaires par le gouvernement, ces biens abandonnés doivent être protégés et vendus aux enchères au nom de leurs propriétaires. «L’ordre détaillé à ce sujet est envoyé par la poste.

«Le transfert de ceux qui travaillent dans des départements militaires, ainsi que celui des femmes en état de faiblesse, doit être ajourné.
27 mai 1331 (9 juin 1915)
Au nom du Ministre [31]»

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO XXX
Télégramme chiffré de la Direction générale de l’installation des tribus et des émigrés, du ministère de l’Intérieur à la préfecture de Sivas (no 47), à la préfecture de Trabzon (no 36), à la préfecture de Mamuretilaziz (no 36), au sandjak de Canik (no 11).

«Le réglement sur la protection et la gestion des biens mobiliers et immobiliers que les Arméniens dont le transfert et le transport ont été décidés ne peuvent emporter avec eux prévoyant que le montant de ces biens sera envoyé par la poste, veiller pour l’instant à la protection des biens en question.
14 juin 1331 (27 juin 1915)
Au nom du Ministre [32]»

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO XXXI
Télégramme chiffré no 341 du ministère de l’Intérieur aux préfectures d’Edirne, Adana, Ankara, Ayd?n, Alep, Hudavendigâr, Konya, Mossoul; aux sandjaks d’Urfa, Izmit, Bolu, Zor, Karesi, Kudus-i ?erif (Jérusalem), Kayseri, Ni?de, Eski?ehir, Kütahya.

«Le commandement en chef par intérim ayant communiqué que pour l’instant seule la publication des journaux arméniens d’Istanbul a été autorisée et que celle des journaux arméniens dans les autres départements a été interdite, faire le nécessaire.
18 juin 1331 (1er juillet 1915)
Le Ministre de l’Intérieur, Talât [33].»

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO XXXII
Télégramme chiffré no 73 de la Direction générale de l’installation des tribus et des émigrés, du ministère de l’Intérieur à la préfecture d’Alep.

«Réponse au télégramme du 22 août 1331 (4 septembre 1915):
«Il vous est envoyé 5.000 livres sur l’allocation des émigrés. Assurer avant tout le transfert des Arméniens entassés dans les stations vers les lieux prévus et leur ravitaillement; veiller à ce qu’ils soient protégés d’éventuelles agressions.
 
«Consacrer cette allocation à cet objectif et la remettre à la Commission des biens abandonnés. Si cela n’est pas suffisant, faire la demande d’une autre allocation.
23 août 1331 (5 septembre 1915)
Au nom du Ministre, Subhi [34].»

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO XXXIII
Télégramme chiffré no 19 du ministère de I’Intérieur au sandjak de Ni?de. «Il est demandé par la préfecture de Konya de faire accompagner les émigrés arméniens par des gardes, pour assurer leur protection dans la partie du trajet d’Ere?li jusqu’à la frontière d’Uluk??la. Faire le nécessaire en communication avec la préfecture mentionnée ci-dessus.
20 octobre 1331 (2 novembre 1915)
Le Ministre de l’Intérieur, Talât [35].»

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO XXXIV
Télégramme chiffré no 65 de la Direction générale de l’installation des tribus et des émigrés, du ministère de l’Intérieur au sandjak de Canik.

«Employer l’allocation aux émigrés à ravitailler ceux des Arméniens, convertis ou non à l’islam, qui sont sans famille et indigents.

«Les informations détaillées sont envoyées par la poste.
30 octobre 1332 (12 novembre 1916)
Au nom du Ministre, ?ükrü [36].»

Dans tous les télégrammes concernant le déplacement des Arméniens, on constate que des instructions ont été données pour la protection des personnes et de leurs biens. De même, il s’avère qu’il a été permis aux Arméniens d’emporter tous les biens qu’ils pouvaient transporter, que les biens abandonnés ont été mis sous la protection du gouvernement et que leur remboursement a été prévu. On apprend encore que les journaux arméniens d’Istanbul continuaient à paraître et que les journaux arméniens des autres villes ont paru un certain temps, même après la décision de déplacement des populations arméniennes.

Il est bien évident que face à ces documents d’archives, les allégations d’Andonian et des milieux qui le soutiennent concernant «l’organisation par le gouvernement turc d’un massacre planifié et systématique contre les Arméniens» ne signifient plus rien.

Confrontée aux réalités, la thèse d’une prétendue préméditation perd encore une fois toute crédibilité.


 

2 - Les prétendues mesures de précaution
Andonian, dans le chapitre de son livre intitulé «Mesures de précaution» prétendait que «le gouvernement turc, après avoir décrété les massacres et en avoir commencé l’exécution, avait employé tous les moyens pour que le monde civilisé n’en sût rien».
 
Aucune «décision de massacre» n’ayant prise, il n’avait jamais été question de cacher quoi que ce fût à l’opinion publique. Les déplacements de population s’étaient effectués au su et au vu du monde entier: les missionnaires allemands, américains, autrichiens et suisses et les organisations de bienfaisance chrétiennes étaient en effet présents dans toute l’Anatolie, et avaient même été autorisés à s’occuper des Arméniens transférés.

Si l’on tient compte de l’omniprésence des organisations de missionnaires en Anatolie à cette époque, on peut en déduire que ces dernières suffisaient pour informer rapidement le monde de la moindre agression contre la population arménienne.

Andonian a ajouté ce chapitre à son livre pour une raison précise: prétendre que si le supposé massacre arménien a des aspects encore obscurs, c’est à cause des mesures de précaution prises par les Ottomans. Comme le gouvernement ottoman n’avait pensé à déplacer les populations arméniennes que par mesure de sécurité, il n’avait naturellement rien fait pour cacher cette décision et sa mise en œuvre à l’opinion publique mondiale. Personne n’ayant eu ce genre d’idée, il n’existe bien sûr pas de document à ce sujet dans les archives et il est impossible d’en publier sous ce titre.


 

3 - La prétendue étendue générale des massacres.
On a vu qu’Andonian prétendait que «le gouvernement turc, après avoir décrété les massacres, les avait ensuite rapidement généralisés pour pouvoir supprimer tous les Arméniens, et à cet effet avait même assassiné les femmes et les enfants». Nous allons constater, grâce aux documents d’archives ottomanes, que cette allégation n’a rien à voir avec la vérité.

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO XXXV
Télégramme chiffré no 423 du ministère de l’Intérieur aux préfectures d’Erzurum, Adana, Bitlis, Alep, Diyarbak?r, Sivas, Trabzon, Mamuretilaziz, Van; aux sandjaks d’Urfa, Canik, Mara?.

«Renoncer à transférer les Arméniens catholiques qui sont restés sur place. Communiquer leur nombre dans la préfecture et le sandjak.
Le 21 juillet 1331 (3 août 1915)
Le Ministre de l’Intérieur, Talât [37].»

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO XXXVI
Télégramme chiffré circulaire no 5028 du ministère de I’Intérieur aux préfectures d’Erzurum, Adana, Ankara, Bitlis, Alep, Hudavendigâr, Diyarbak?r, Sivas, Trabzon, Konya, Mamuretilaziz, Van; aux sandjaks d’Urfa, Izmit, Canik, Karesi, Karahisârisahib, Kayseri, Mara?, Ni?de, Eski?ehir.

«Renoncer à transférer les Arméniens protestants qui n’ont pas été déplacés et communiquer leur nombre dans la préfecture et le sandjak, ainsi que celui des personnes transférées et des personnes restées sur place.
Le 2 août 1331 (15 août 1915)
Le Ministre de l’Intérieur [38]»
 
DOCUMENT AUTHENTIQUE NO XXXVII
Télégramme chiffré circulaire no 5029 du ministère de l’Intérieur aux préfectures d’Erzurum, Adana, Ankara, Bitlis, Alep, Hudavendigâr, Diyarbak?r, Sivas, Trabzon, Konya, Mamuretilaziz, Van; aux sandjaks d’Urfa, ?zmit, Canik, Karesi, Karabisârisahib, Kayseri, Mara?, Ni?de, Eski?ehir.

«Ne pas transférer tes députés arméniens, ni leurs familles.
2 août 1331 (15 août 1915)
Le Ministre de l’Intérieur [39].»

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO XXXVIII
Télégramme chiffré circulaire no 5030 du ministère de I’Intérieur aux préfectures d’Erzurum, Adana, Bitlis, Alep, Hudavendigâr, Diyarbak?r, Sivas, Trabzon, Konya, Van; aux sandjaks d’Urfa, Izmit, Canik, Karesi, Karahisârisahib, Kayseri, Mara?, Ni?de, Eski?ehir.

«A propos des Arméniens qui seront transférés, laisser dans leurs lieux d’habitation les familles des soldats, officiers et officiers - médecins, et ne pas les déplacer.
2 août 1331 (15 août 1915)
Le Ministre de l’Intérieur [40].»

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO XXXIX
Télégramme chiffré du ministère de l’Intérieur aux préfectures de Konya (no 69), Adana (no 57), Alep (no 71), Syrie (Damas) (no 43), Ankara (no 69); aux sandjaks d’Izmit (no 73), Eski?ehir (no 23).

«Afin d’effectuer des contrôles et des études sur les Arméniens qui sont actuellement dirigés vers des régions déterminées, le directeur de l’installation des tribus et des émigrés, ?ükrü Bey, est en route vers la préfecture et le sandjak. Les sommes indiquées ci-dessous sont prélevées sur l’allocation aux émigrés. Assurer l’administration et le ravitaillement réguliers de la population arménienne. «L’acheminement le plus tôt possible des Arméniens vers les lieux prévus dans les meilleures conditions étant d’une grande importance, faire le nécessaire.

«Tenir dans tes gares à la disposition des Arméniens les quantités possibles de pain, de céréales, des récipients et tonneaux et d’autres fournitures et faire en sorte qu’ils ne sombrent pas dans le dénuement.

«S’il n’y a pas assez d’argent dans la caisse d’Etat, prévenir par télégramme. 19 août 1331 (1er septembre 1915)
Au nom du Ministre, ?ükrü.»

«Le montant en piastres à dépenser pour tes Arméniens [100 piastres correspondent à une livre d’or ottomane]:

«Préfecture de Konya: 400.000; sandjak d’Izmit: 150.000; sandjak d’Eski?ehir: 200.000; préfecture d’Adana: 300.000; préfecture d’Alep: 300.000; préfecture de Syrie (Damas): 100.000; préfecture d’Ankara: 300.000 [41].»

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO XL
Télégramme chiffré no 56 du ministère de l’Intérieur à la préfecture d’Erzurum. «Réponse au télégramme du 24 septembre 1331 (7 octobre 1915):
 
«Autoriser le voyage à Istanbul des prêtres [arméniens] signalés et nous tenir au courant.
3 octobre 1331 (16 octobre 1915)
Le Ministre de l’Intérieur, Talât [42].»

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO XLI
Télégramme chiffré du ministère de l’Intérieur aux préfectures d’Edirne, Adana, Ankara, Bitlis, Alep, Hudavendigâr, Diyarbak?r, Syrie, Sivas, Trabzon, Konya, Mamuretilaziz; aux sandjaks d’Urfa, Izmit, Karahisârisahib, Içel, Ni?de, Canik, Zor, Karesi, Kayseri, Kütahya, Eski?ehir, Mara?.

«Il est signalé que, dans le passé comme aujourd’hui, les Arméniens résidant aux Etats-Unis d’Amérique ont envoyé de grosses sommes d’argent aux Arméniens ottomans, et que cet argent serait distribué par des voies clandestines.

«Mener une enquête sérieuse et secrète pour savoir si de l’argent a bien été envoyé, par l’intermédiaire de qui cet argent a été distribué aux Arméniens, et nous informer.
17 janvier 1331 (30 janvier 1916)
Le Ministre de I’Intérieur, Talât [43].»

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO XLII
Télégramme chiffré no 37 du ministère de l’Intérieur au sandjak de Ni?de.
«Réponse au télégramme du 24 décembre 1331 (6 janvier 1916).

«Le commandement en chef par intérim ayant signalé qu’il serait bon d’accepter les pétitions des Arméniens demandant à se convertir à l’islam, faire le nécessaire.
18 janvier 1331 (31 janvier 1916)
Le Ministre de l’Intérieur, Talât [44].»

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO XLIII
Télégramme chiffré no 135 du ministère de l’Intérieur au sandjak de Karesi.
«Réponse au télégramme du 25/26 février 1331 (9/10 mars 1916). «Bien qu’il ait été notifié que l’ordre d’expulsion ne concernait que les personnes en rapport avec les comités, et dont la trahison a été établie par le gouvernement, et que les familles arméniennes ne devraient pas être transférées, 27 familles ont été envoyées à Afyon. En indiquer la raison et faire retourner immédiatement les familles en question à leur lieu de résidence habituel.
28 février 1331 (12 mars 1916)
Le Ministre de l’Intérieur Talât [45].»

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO XLIV
Télégramme chiffré no 23 du ministère de l’Intérieur aux préfectures d’Edirne, Adana, Ankara, Ayd?n, Hudavendigâr, Sivas, Kastamonu, Konya; aux sandjaks d’Izmit, Bolu, Canik, Karesi, Kayseri, Kütahya, Eski?ehir, Ni?de, Mara?.

«L’arrêt des transferts des Arméniens étant décidé compte tenu des nécessités administratives et militaires, il vous est ordonné de ne plus transférer sous aucun prétexte d’autres Arméniens que ceux qui l’ont déjà été.
2 mars 1332 (15 mars 1916)
Le Ministre de l’Intérieur, Talât [46].»

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO XLV
«Procès-verbal no 187
«18 septembre 1332 (1er octobre 1916)
«Le message ci-joint du ministère des Finances et celui no 91 du 12 septembre 1332 (25 septembre 1916) du même ministère, dont on nous a donné lecture, précisaient que la mensualité du patriarche et catholicos arménien résidant à Jérusalem, monsieur Sahak Hapaian, a été augmentée, dans le cadre des mensualités des dignitaires religieux, de 2.025 piastres à 10.000 piastres et que la différence de mensualité qui atteint 7.975 piastres n’était pas cou verte par le budget. Il a été débattu et décidé par décret impérial que la somme globale de 55.825 piastres qui correspond aux majorations jusqu’à la fin du mois de février sera ajoutée au chapitre 46 des allocations diverses du budget général relatif aux mensualités des dignitaires religieux.
« Faire le nécessaire [47].»

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO XLVI
Télégramme chiffré circulaire no 2705 du ministère de l’Intérieur à la préfecture de Trabzon.
«Réponse au télégramme du 21 septembre 1332 (4 octobre 1916).
«Le transfert des Arméniens étant ajourné pour l’instant, il n’est pas opportun d’expulser ni de déplacer tes Arméniens signalés en convois. S’il s’avère, après enquête, qu’il se trouve parmi eux des personnes dangereuses dont le transfert est nécessaire, indiquer immédiatement leur nom et leur nombre.
11 octobre 1332 (24 octobre 1916)
Le Ministre de l’?ntérieur, Talât [48].»

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO XLVII
«Procès-verbal des débats du Conseil des ministres.
«No 93 - Date: 11 avril 1333 (11 avril 1917)
«Date de notification: 16 avril 1333 (16 avril 1917)
«Résumé du sujet:
«Le message no 29 daté du 10 avril 1333 (10 avril 1917) du ministère de la Justice et des Confessions concernant la proposition du catholicossat et du patriarcat arménien d’Istanbul relative à l’aide financière aux quelque 3.000 Arméniens indigents restés sans abri à la suite du récent incendie de Kumkap? a été lu, ainsi que son annexe.

«Décision:
« Il a été décidé de saisir le ministère de I’Intérieur afin que les indigents qui ont souffert du sinistre soient aidés par la mairie, et que le ministère de la Justice et des Confessions soit mis au courant.
 
«(Conseil des ministres) Talat, Musa Kaz?m, Enver, Halil, Ahmed Nesim, Cavid, Ali Münif, Ahmed ?ükrü, Mustafa ?eref [49].»

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO XLVIII
«Décret impérial no 909
«25 juin 1333 (25 juin 1917)
«Le permis de construire un immeuble en bois appartenant à la communauté protestante (arménienne) dans le quartier de Dere du village non musulman de Siloz, attaché au district d’Orhangazi, sur un terrain de 145 m2 de surface, de 17,30 m de long, de 7,50 m de large, de 9,50 m de haut... dont l’étage supérieur sera utilisé comme église et l’étage inférieur comme école, a été accordé, conformément à l’article 129 du règlement de l’Education générale et aux dispositions du règlement des écoles privées, par décret du Conseil d’Etat. Les ministres de la Justice et des Confessions et de l’Education sont chargés de l’application de ce décret impérial [50].»

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO XLIX
Télégramme chiffré du ministère de l’Intérieur à la préfecture d’Ankara.
«Réponse au télégramme du 26 décembre 1333 (26 décembre 1917).
«L’autorisation est accordée aux Arméniens catholiques de célébrer des messes dans l’église qui se trouve dans le cimetière catholique arménien.
1er janvier 1334 (1er janvier 1918)
Le Ministre de I’Intérieur, Mehmed Talât [51].»

Ainsi, les documents d’archives mettent en évidence les points suivants:
a) Une partie des Arméniens n’a pas été touchée par la décision de déplacement des populations. De même, on avait renoncé au transfert de certains Arméniens catholiques et protestants habitant les régions de l’Anatolie de l’est pourtant menacées par la guerre.
b) Les Arméniens exerçant certaines professions ainsi que leurs familles n’ont pas été déplacés non plus.
c) Le déplacement des Arméniens a été interrompu à une date donnée.
d) Le gouvernement ottoman s’est efforcé d’assurer la sécurité et le ravitaillement des Arméniens déplacés; malgré tes difficultés économiques et les conditions de la guerre, il a engagé à cet effet des dépenses importantes.
e) Les autorisations de voyage pour les religieux arméniens ont été octroyées.
f) Le gouvernement a renvoyé dans leur lieu de résidence habituel tes Arméniens déplacés sans raison précise; de même, il a demandé des comptes aux autorités qui ont commis ces erreurs.
g) La mensualité du patriarche arménien de Jérusalem a été quintuplée.
h) Des aides ont été accordées aux Arméniens sinistrés lors d’un incendie à Istanbul.
I) Des permissions pour la construction d’églises et d’écoles arméniennes ont été accordées.
j) Des cérémonies religieuses ont été autorisées.
k) Les Arméniens résidant aux États-Unis ont Pu envoyer de l’argent aux Arméniens, argent susceptible d’être utilisé de toutes sortes de manières. Il se trouvait donc en Anatolie des Arméniens qui n’avaient pas été déplacés.

Ces documents couvrent une période d’environ trois années.
Quant à Andonian, il prétend que «le massacre arménien était généralisé à des femmes et des enfants» durant cette même période.

Les documents d’archives fournissent d’eux-mêmes les conclusions qui s’imposent.


 

4 - Les soi-disant petits martyrs
Andonian, dans la partie de son livre intitulée «Les petits martyrs», prétendait que «le gouvernement turc avait tout d’abord décidé de laisser vivants les Arméniens en dessous de quinze ans, puis avait prescrit de n’épargner que ceux âgés de moins de sept ans, et ensuite seulement ceux âgés de moins de cinq ans, les autres ayant été égorgés dans les conditions les plus effroyables».

Andonian avait sans doute utilisé ces affabulations, accompagnées de documents fabriqués de toutes pièces, pour ajouter une note dramatique à ses allégations et sensibiliser les milieux auxquels il voulait transmettre son «message». Ses propos ont déjà trouvé leur démenti dans les documents authentiques reproduits plus haut.

On va se contenter de fournir ici deux autres documents d’archives ottomanes, se rapportant aux enfants arméniens.

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO L
Télégramme chiffré du ministère de I’Education no 327 aux préfectures de Diyarbak?r, Adana, Alep, Trabzon, Erzurum, Sivas, Bitlis, Mamuretilaziz, Van; au sandjak de Mara?.

«Comme nous pensons à l’éducation et à l’enseignement des enfants de moins de dix ans des Arméniens déplacés et transférés pour une raison quelconque en les installant dans les orphelinats existants, ou qui vont être construits, nous communiquer d’urgence le nombre de ces enfants dans le département, le sandjak, et s’il s’y trouve ou non un immeuble propice à l’établissement d’un orphelinat.
13 juin 1331 (26 juin 1915)
Le Ministre de l’Education, Ahmed ?ükrü [52].»

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO LI
Télégramme chiffré no 42 du ministère de l’Intérieur au sandjak de Kayseri.
«Réponse au télégramme du 31 août 1332 (13 septembre 1916):
«Il convient selon la situation et les conditions signalées de rendre à leurs parents les filles arméniennes qui en ont, et d’installer celles qui n’en ont pas dans une partie convenable de l’orphelinat et d’utiliser l’immeuble de l’orphelinat pour accueillir les émigrés.
8 septembre 1332 (21 septembre 1916)
Le Ministre de l’Intérieur, Talât [53].»
 
Ainsi, le gouvernement ottoman a veillé sur les enfants orphelins et s’est occupé de leur éducation.


 

5 - Les prétendus encouragements
Dans la partie intitulée «Les encouragements» de son livre, Andonian pré tendait que le «gouvernement turc avait encouragé ses fonctionnaires et la population musulmane à massacrer les Arméniens et qu’il n’avait jamais puni tes meurtriers».

Il ne s’agit que d’une autre affabulation, la vérité étant toute contraire. Elle peut être retrouvée grâce aux archives ottomanes.

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO LII
Télégramme chiffré du ministère de l’Intérieur aux préfectures de Hudavendigâr, Ankara, Konya, Adana, Alep, Sivas, Mamuretilaziz, Diyarbak?r, Erzurum; aux sandjaks d’Izmit, Mara?, Urfa, Zor, Kütahya, Karesi, Ni?de, Karahisârisahib, Kayseri.

«L’objectif visé par le gouvernement en faisant déplacer les Arméniens de leurs lieux de résidence vers les régions prévues est d’empêcher leurs agissements contre le gouvernement et de les neutraliser afin qu’ils renoncent à leurs aspirations relatives à la création d’un gouvernement arménien.

«L’objectif visé par le gouvernement n’étant pas l’extermination des innocents, le gouvernement exige que toutes les mesures adéquates soient prises pour la protection des Arméniens pendant le transport et pour leur ravitaillement grâce aux allocations des émigrés. Il ordonne de ne plus déplacer les Arméniens, sauf ceux qui sont déjà en train de l’être, de ne plus transférer, comme il a été indiqué auparavant, les familles des soldats, ainsi que tes artisans dont on a besoin et les Arméniens protestants et catholiques.

«Procéder immédiatement à des enquêtes judiciaires afin de punir sévèrement d’une part les personnes qui s’attaquent aux convois, qui commettent des vols, qui, emportées par des sentiments bestiaux, violent des femmes et d’autre part les fonctionnaires et les gendarmes qui les ont incitées. Limoger les fonctionnaires qui sont mêlés à ce genre d’affaires, les traduire devant les tribunaux militaires et communiquer leurs noms. Dans ce genre d’incident, la responsabilité incomberait à la préfecture/au sandjak.
16 août 1331 (29 août 1915)
Le Ministre de l’Intérieur [54].»

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO LIII
Télégramme chiffré no 5524 du ministère de l’Intérieur aux préfectures d’Erzurum, Adana, Ankara, Alep, Hudavendigâr, Diyarbak?r, Sivas, Trabzon, Kastamonu, Konya, Mamuretilaziz; aux sandjaks d’Urfa, Izmit, Zor, Karesi, Kay seri, Kütahya, Mara?, Karahisar.

«Conformément aux ordres déjà donnés, communiquer le nombre de personnes punies jusqu’à présent parmi les gens qui ont attaqué tes Arméniens.
23 août 1331 (5 septembre 1915)
Le Ministre de l’Intérieur [55].»
 
DOCUMENT AUTHENTIQUE NO LIV
Télégramme chiffré no 115 du ministère de l’Intérieur à la préfecture de Sivas.
«Le limogeage de Hamit Bey, le sous-préfet d’Aziziye, ayant été décidé à cause de son attitude et de son comportement incompatibles avec ses fonctions lors du déplacement des Arméniens autochtones, il faut qu’il soit déchu de ses fonctions.

«Les documents d’enquête concernant la personne ci-dessus mentionnée doivent être déposés à la cour martiale; communication a été faite au président de la Commission d’enquête, Mazhar Bey.
12 octobre 1331 (25 octobre 1915)
Le Ministre de l’Intérieur, Talât [56].»

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO LV
Télégramme chiffré no 133 du ministère de l’Intérieur à la préfecture de Sivas.
«Il a été signalé par la présidence de la commission d’enquête que Fahri Efendi, sous-préfet par intérim de Su?ehri, n’a pas pris tes précautions nécessaires pour que le déplacement des Arméniens s’effectue dans la sécurité, qu’il ne s’est pas efforcé d’empêcher le pillage commis le jour du déplacement et qu’il doit être, de ce fait, traduit devant le tribunal de l’état de siège.
«Nous communiquer votre avis sur la nécessité de châtier ou non la personne citée ci-dessus.
4 novembre 1331 (17 novembre 1915)
Le Ministre de l’Intérieur, Talât [57].»

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO LVI
Télégramme chiffré no 47 du ministère de l’Intérieur à la préfecture de Mamuretilaziz.
«Réponse au télégramme du 8 janvier 1331 (21 janvier 1916).
«Il a été établi, après enquête, que le sous-préfet de Besni, Ethem Kadri, a toléré les abus d’autorité commis par ses fonctionnaires et qu’il a acquis certains biens sans en régler le prix aux propriétaires. Sa traduction devant le tribunal de l’état de siège pour son comportement est approuvée, et cela est notifié au président de la Commission d’enquête, Mazhar Bey.
17 février 1331 (1er mars 1916)
Le Ministre de l’Intérieur, Talât [58].»

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO LVII
Télégramme chiffré du ministère de l’Intérieur à la préfecture d’Adana. «Nous apprenons que le frère de monsieur Matteus Nalbantian, député de Kozan, a été enlevé dans la montagne par des brigands. Nous demandons qu’une force suffisante soit envoyée à sa recherche afin de le libérer, que les brigands soients arrêtés et punis, et que de pareils incidents ne se reproduisent plus.
«Nous communiquer le résultat.
1er avril 1334 (1er avril 1918)
Au nom du Ministre, Abdulhalik [59].»

Les documents d’archives montrent que tes responsables des agressions, des abus et des négligences commis ions des déplacements des Arméniens ont été châtiés par le gouvernement, que celui-ci a essayé d’empêcher ce genre d’incidents, qu’il a donné des avertissements, ainsi que des instructions, dont il a suivi de près l’application.

On a vu dans le chapitre II que, du fait des attaques perpétrées pendant le déplacement des Arméniens, 1.397 personnes ont été traduites devant des tribunaux militaires et ont été condamnées à de lourdes peines, y compris à la peine capitale.

Ainsi, la thèse d’Andonian qui prétend que «le gouvernement turc a encouragé ses fonctionnaires et la population musulmane à massacrer les Arméniens»apparaît sans fondement. Le véritable comportement du gouvernement ottoman s’inscrit en faux contre le mythe du «massacre systématique des Arméniens».


6- Les prétendus essais de justification
On a vu qu’Andonian, dans le chapitre de son livre intitulé «Les essais de justification», prétendait que «le gouvernement turc, pour justifier les massacres, avait préparé de faux documents et avait tenté de prouver que les Arméniens détenaient des armes et des bombes».

Dans les pages précédentes, on a cité, en se fondant sur des documents, les actes de rébellion et tes agissements des comités arméniens avant et après la décision de déplacement des populations.
On va revenir ici sur ces faits en prenant à témoin de nouveaux documents authentiques.

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO LVIII
Télégramme chiffré du ministère de l’Intérieur au sandjak de Canik.
«Arrêtez immédiatement la personne nommée Hosrof Kasabian, résidant à Samsun, dont le rôle d’intermédiaire pour l’importation des armes et tes contacts effectifs avec des Arméniens à l’étranger ont été établis. Veillez à ce qu’il ne prenne contact avec personne.

«Fouillez attentivement son domicile et sa maison de commerce, s’il en possède, et confisquez les lettres et les documents de correspondance qu’on peut y trouver; arrêtez également les Arméniens Kevork et Arabac? Çerkez, qui ont des relations avec la personne mentionnée; gardez à vue toute personne ayant des relations avec Kasabian et dont le comportement est suspect. Communiquez nous le résultat.
17 février 1330 (2 mars 1915)
Le Ministre de l’Intérieur, Talât [60].»

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO LIX
Télégramme chiffré no 61 du ministère de l’Intérieur à la préfecture de Diyarbak?r.
«Réponse au télégramme du 11/15 juin 1331 (24/28 juin 1915)
«Le sandjak d’Urfa a indiqué dans sa réponse qu’à la suite des précautions prises pour rendre inefficaces les agissements des révolutionnaires arméniens, et de la perquisition effectuée, une quantité importante d’armes et de matières inflammables a été saisie dans le district ainsi que chez des Arméniens du village de Germü?, qu’une partie des brigands arméniens a été tuée, tandis que 35 autres ont été arrêtés, que 82 personnes dont l’appartenance au comité révolutionnaire a été établie ont été remises aux autorités militaires, et qu’une commission d’enquête a été constituée à leur égard; que pour le maintien de l’ordre public et de la paix, 100 soldats ont été envoyés du 6e corps d’armée, que la situation parmi tes musulmans n’était pas aussi grave qu’on le craignait, et qu’elle était provoquée par des rumeurs inquiétantes; que selon le résultat de l’enquête du tribunal militaire, tes poursuites nécessaires seront engagées.
23 juin 1331 (6 juillet 1915)
Le Ministre de l’Intérieur, Talât [619.»

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO LX
«Procès-verbal no 204
«Date: 12 août 1331 (25 août 1915)
«Dans les textes du commandement en chef par intérim datés du 31 juillet 1331 (13 août 1915) et du 7 août 1331 (20 août 1915) débattus entre nous, il a été indiqué que les cinq Arméniens, appartenant au comité Dachnak à Izmir, nommés Archak Kazurian, Vahan Undjian, Vahan Balabanian, Bedros Artin et Sahak Karabet qui se trouvent actuellement à Konya et qui, avant la perquisition, avaient été condamnés à la peine capitale par le tribunal de l’état de siège pour détention de bombes et de dynamite, ont été graciés par le Sultan; leur peine a été commuée par le Conseil des ministres en quinze ans de travaux forcés.

«Les textes mentionnés et le décret impérial rédigé à ce sujet sont présentés ci-joint.
«Décret impérial:
«Les peines capitales prononcées à l’égard d’Archak Kazurian, Vahan Undjian, Vahan Balabanian, Bedros Artin et Sahak Karabet, appartenant au comité Dachnak à Izmir, par le tribunal de l’état de siège pour détention de bombes et de dynamite ont été commuées en quinze ans de travaux forcés par décret du Conseil des ministres.
«Les ministres de la Guerre et de la Justice sont chargés de l’application de ce décret impérial [62].»

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO LXI
Télégramme chiffré no 114 du ministère de l’Intérieur à la préfecture de Bursa. «D’après des nouvelles reçues de source sûre, des bandes armées formées par tes déserteurs arméniens de Bursa sont en train d’attaquer les villages musulmans en descendant vers Yalova et Izmit. Le fait que la force de gendarmerie de la préfecture ne s’est pas chargée de l’exécution de l’ordre de les punir et qu’elle n’a pas bougé a créé beaucoup d’inquiétude.

«Les ordres nécessaires ont été donnés au sandjak d’Izmit pour que le commandant du régiment soit immédiatement envoyé sur les lieux afin de procéder à une enquête rigoureuse.
 
«La destruction complète des bandes arméniennes, au plus tard dans une semaine, ayant été exigée par le ministère, allez en personne sur les lieux, s’il le faut, pour mettre un terme définitif aux incidents. Nous vous faisons savoir également qu’il a été décidé de punir les fonctionnaires qui ont commis des fau tes et des négligences à ce sujet. Nous attendons des informations ultérieures sur tes enquêtes en cours.
16 août 1331 (29 août 1915)
Le Ministre de l’Intérieur, Talât [63].»

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO LXII
La copie du second article du télégramme chiffré no 7664 du commandement de la quatrième armée daté du 3 octobre 1331 (16 octobre 1915):

«Article 2: le combat d’Urfa s’est soldé par la prise et la destruction des refuges qui abritaient les brigands arméniens et I’anéantissement de ceux-ci. Le retard enregistré dans l’aboutissement de l’opération était dû à la solidité du refuge des brigands, construit en pierre, à son emplacement difficile d’accès et à la nécessité de l’intervention de l’artillerie dès le début de l’action.

«Depuis le début des opérations, on compte 20 morts et 50 blessés parmi les militaires, tes gendarmes et la population [64].»

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO LXIII
Télégramme chiffré du ministère de l’Intérieur à la préfecture d’Ayd?n (no 100), à la préfecture d’Adana (no 91).

«Pour la préfecture d’Ayd?n: réponse au message no 758 daté du 3 septembre 1331 (16 septembre 1915).

«Pour la préfecture d’Adana: réponse au message no 553 daté du 19 septembre 1331 (2 octobre 1915).

«La nécessité d’envoyer à Istanbul par un moyen de transport adapté les armes dont les types et tes quantités sont mentionnés dans les listes saisies chez les Arméniens et celle de les remettre au dépôt d’armes de Maçka ayant été affirmées dans la réponse du ministère de la Guerre, faire le nécessaire.
15 octobre 1331 (28 octobre 1915)
Le Ministre de l’Intérieur, Talât [65].»

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO LXIV
«Message no 228 du sandjak de Canik au ministère de l’Intérieur. «Votre Excellence, «Sur une information secrète relative aux armes cachées dans l’écurie des maisons appartenant à Djiridian Migirditch, le boucher, et à Artin, habitant le quartier arménien de Samsun et transférés à l’intérieur du pays lors du déplacement, on a procédé à une perquisition le 16 janvier 1331 (29 janvier 1916) et trouvé les armes, munitions et objets suivants dans une caisse en bois à couvercle, en forme de cercueil, enfouie à environ 1,5 m de profondeur sous tes dalles: un fusil de chasse imitation mauser, un fusil de fabrication russe et ses 54 balles, 6 chargeurs de 8 balles, un pistolet mauser, un revolver, 174 baltes de pistolet de divers types, 6 chargeurs et 30 balles pour le mauser, un kilogramme de poudre dans une boîte en fer blanc, 13 photos appartenant au comité révolutionnaire arménien dans une boîte en fer blanc, un journal arménien avec des photos, 13 livres écrits en arménien, un outil pour fabriquer des cartouches, un poignard fabriqué à Sivas, tous enveloppés dans des sacs.

«Parmi ces objets, 14 documents contenant des photos sur l’arménité ont été envoyés par la poste après avoir été scellés par le commandement de la ville. «Les armes et autres objets sont retenus par le département de la police.
18/19 janvier 1331 (31 janvier/1er février 1916)
Le Sous - Préfet de Canik, Tahsin Kemal [66].»

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO LXV
Télégramme chiffré du ministère de l’Intérieur à la préfecture d’Adana (no 27), au sandjak de Mara? (no 11), au sandjak d’Urfa (no 9), au sandjak de Zor (no 13).

«La préfecture d’Alep signale qu’il a été établi après enquête et recherches que tes Arméniens étrangers d’Alep ont commencé à s’organiser en bandes et même qu’une bande de 24 personnes s’est déplacée de Kilis vers Diyarbak?r.
«Rester très vigilant à cet égard, empêcher tes agissements de cette sorte de bandes et nous informer des résultats.
20 avril 1332 (3 mai 1916)
Le Ministre de l’Intérieur [67].»

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO LXVI
Télégramme chiffré no 39 du ministère de l’Intérieur à la préfecture de Sivas. «La préfecture de Mossoul, se basant sur une information de Mesud Bey, ancien sous-préfet de Zaho, signale que les Arméniens ont creusé des cavernes à l’intérieur et à l’extérieur de Sivas, qu’ils y ont installé plusieurs Arméniens prêts à se battre, qu’ils y ont stocké des provisions qui pourraient suffire pendant trois ans ainsi que des bombes, fusils et plusieurs armes, que parmi ces Arméniens se trouvent des leaders comme Kordoncu Murad, de Sivas, et Deveci Dikran, et que les prisonniers russes qui ont réussi à s’évader se réfugient dans ces cavernes. «Prendre les mesures nécessaires en communiquant avec la préfecture mentionnée et nous informer des résultats.
21 mal 1332 (3 juin 1916)
Le Ministre de l’Intérieur, Talât [68].»

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO LXVII
Télégramme chiffré du sandjak de Mara? au ministère de l’Intérieur.
«L’information ayant été transmise par la sous-préfecture d’Elbistan que des déserteurs (arméniens) avaient soudainement attaqué les gendarmes qui étaient à leur poursuite et à leur recherche dans le village de Tarkile et qu’ils avaient tué le sergent-chef Veysel, commandant du détachement, ainsi que trois gendarmes, tes mesures nécessaires ont été prises et des détachements de soldats et de gendarmes ont été envoyés à leur poursuite pour tes arrêter. D’autre part, ayant été informés par la sous-préfecture de Pazarc?k du fait qu’une bande de 20-25 brigands arméniens avait attaqué le village d’Ordekdede de Pazarc?k, des détachements de gendarmes y ont été envoyés et les mesures nécessaires ont été prises. Les brigands sont actuellement poursuivis et le résultat vous sera communiqué.
11 juin 1333 (11 juin 1917)
Le Sous - Préfet, Ata [69].»

Ces quelques documents sur les activités terroristes et les rébellions des comités arméniens suffisent à montrer comment le territoire ottoman était devenu un champ d’action pour les comités et les bandes arméniennes de l’est à l’ouest et du nord au sud.
Parmi ces documents, celui qui prouve que des peines capitales prononcées à l’égard des membres des comités arméniens ont été commuées en peines de réclusion est d’une importance particulière compte tenu des allégations d’Andonian. Car on constate qu’à une époque où Andonian prétendait que «le gouvernement ottoman massacrait les Arméniens en masse», ce même gouverne ment allégeait les peines de terroristes arméniens.


7- Le prétendu deuxième acte
Dans la partie de son livre intitulée «Le deuxième acte», Andonian alléguait que «le gouvernement turc, profitant du repli de l’armée russe d’occupation et des forces arméniennes de l’Anatolie de l’est, avait fait massacrer les Arméniens qui avaient Pu rester en vie».

On peut, en vérité, parler d’un deuxième acte ou deuxième coup, mais celui-ci n’était pas porté aux Arméniens par le gouvernement ottoman. Il l’était au contraire par les bandes et comités arméniens contre le peuple turc sans défense de l’Anatolie de l’est, et ce d’une manière impitoyable.

Si on peut appeler premier acte les agissements des Arméniens à la suite de l’entrée de l’empire ottoman dans la Première Guerre mondiale, l’expression de «deuxième acte» pour leurs dernières activités serait bien appropriée.

Les atrocités commises par les comités et les bandes arméniens envers le peuple turc tons du repli des forces russes apparaissent clairement dans les documents d’archives.
En voici quelques exemples:

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO LXVIII
Télégramme chiffré du commandement de la 3e armée au commandement en chef par intérim daté du 21 mars 1334 (21 mars 1918).

«Je vous décris ci-dessous l’état actuel des villes d’Erzincan et d’Erzurum dont nous venons de nous emparer.

«Les immeubles officiels et privés, construits avec tant de soin, et qui se ressemblent beaucoup du point de vue de la catastrophe qu’ils ont subie, ont été complètement et délibérément incendiés par les Arméniens. Quant aux maisons et établissements secondaires, ils sont délabrés du fait de leur occupation et de leur utilisation comme casernes depuis deux ans par l’armée russe.
 
«On peut dire d’emblée que ces deux villes doivent être reconstruites et que leur état est lamentable. Toutes tes casernes d’Erzincan, la caserne de cavalerie d’Erzurum, les immeubles administratifs et ceux du corps d’armée se trouvent parmi les bâtiments officiels incendiés. En bref, tes deux villes ont été incendiées, détruites et transformées en ruines dans le vrai sens du terme. Même les arbres ont été abattus.

«Quant à la population de ces deux villes:
«Les hommes qui étaient en âge de porter une arme ont été rassemblés sous prétexte de la construction de routes et envoyés dans la direction de Sar?kam??, pour y être ensuite massacrés. La population restante ayant été victime des cri mes et des atrocités des Arméniens commis ions du repli de l’armée russe a été en partie liquidée, jetée dans des puits, brûlée dans des maisons, passée à la baïonnette et au fil de l’épée, éventrée en des lieux devenus de vraies boucheries, leurs poumons ayant été arrachés. Les filles et les femmes, après avoir connu tous les sévices, ont été pendues par les cheveux.

«Une toute petite partie de la population qui a pu se protéger de ces atrocités digne de l’Inquisition a été retrouvée à l’état de morts-vivants ou de fous, du fait de la misère et de la fatigue ainsi que de la frayeur éprouvée. Leur nombre, femmes et enfants compris, ne dépasse pas pour l’instant 1.500 à Erzincan et 30.000 à Erzurum. A Erzincan et à Erzurum, les terres n’ont pas été ensemencées et tout ce que possédait la population a été confisqué. La population a été trouvée nue et affamée. Aujourd’hui, si cette population ne meurt pas de faim, c’est grâce aux vivres obtenus des dépôts abandonnés par les Russes après l’occupation.

« Les villages qui se trouvent aux alentours d’Erzurum et d’Erzincan sont dans un état encore plus lamentable. Certains villages sur la route ont été complète ment anéantis, rayés de la carte et leur population massacrée.

«Quant aux villages éloignés des routes empruntées par les Arméniens, ils ont été préservés, mais leur population recourt chaque jour en masse à t’armée du fait de la famine. J’ai le regret de vous écrire que l’histoire des oppressions n’a jusqu’ici jamais enregistré un tel désastre, et je vous prie de donner les ordres nécessaires pour que les souhaits que j’ai transmis à votre autorité ainsi qu’au ministère de l’Intérieur, à diverses dates, pour protéger la vie des survivants soient exaucés. Bien que le début de notre campagne remonte à quarante jours, je constate que rien n’a été fait pour ce peuple désespéré, affamé et digne de charité. J’ajoute que la population musulmane, qui a été sauvée de l’épée des Arméniens par l’opération de sauvetage du gouvernement, se trouve jetée dans les affres de la famine.
Le Commandant de la 3e armée [70]»

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO LXIX
Télégramme chiffré du 1er avril 1334 (1er avril 1918) du commandement de la 3e armée au commandement de la 4e armée.

«Dans la période du 12 mars 1334 (12 mars 1918), date de la reprise d’Erzurum, au 20 mars 1334 (20 mars 1918), on a retrouvé, rien que dans la ville d’Erzurum, les cadavres de 2.127 musulmans impitoyablement assassinés par tes Arméniens.

«Les recherches sont en cours. Le nombre des cadavres qui peuvent être ultérieurement retrouvés sera communiqué.
Lüfti [71]»

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO LXX
Télégramme du 1er mai 1334 (1er mal 1918) de la 3e armée au quartier général du commandement en chef par intérim.

«Tous les villages de Trabzon jusqu’à Erzincan ne sont que ruines. La majeure partie a été détruite par les Arméniens tons du retrait des Russes. Les Grecs aussi ont pris leur part dans cette destruction. Les paysans ont souffert des atrocités des citoyens non musulmans plutôt que de celles des Russes. Les quartiers musulmans de Trabzon ont été rasés. Les cimetières ont été transformés en théâtres par les Russes. Des dessins odieux ont été tracés avec du fumier sur les murs des mosquées. Même les arbres fruitiers sur la route de Trabzon-Erzincan ont été abattus et les maisons détruites. Les femmes affamées, leurs vêtements en lambeaux, mendient sur les routes. Les villages chrétiens ont été épargnés. Erzincan est une vision de tragédie. Les puits sont remplis de cadavres de musulmans. Dans les jardins des maisons en ruines, on trouve encore des cadavres, des bras et des jambes. Les allées des plus belles maisons arméniennes sont imprégnées du sang musulman. La plupart de la population de la ville a été emprisonnée et assassinée contre le tronc des arbres par des Arméniens hors de l’évacuation de ha ville par les Russes. La ville se trouve totalement en ruine [72].»

DOCUMENT AUTHENTIQUE NO LXXI
Message du 30 juin 1918 du président de la Commission indépendante arménienne de Gümrü [Alexandropol], Trakopof, au président de la Commission turque, Kâz?m Karabekir.
«A son Excellence, monsieur Kâz?m Karabekir, président de la Commission turque.
«Je vous transmets ci-joint la copie du télégramme qui m’a été adressé le 27 juin par le général Nazarbekof et qui ne m’était pas parvenu.
«Général de brigade Trakopof, président de la Commission.
«A la présidence de la Commission indépendante arménienne à Gümrü, no 1008, date: 27 juin 1918.

«D’après les informations que j‘ai reçues, Antranik, qui a été exclu le 5 juin 1918 avec tout son détachement du corps d’armée placé sous mon commandement pour n’avoir pas obéi à mes ordres, est en train de commettre des atrocités dans la région de Nakhtchevan. Je vous prie d’informer le commandant turc de ces faits.

«Le commandement turc sait évidemment que la région du chemin de fer de Djoulfa, au sud de Kamerli, était longtemps aux mains des bandes musulmanes. J’ai voulu les disperser mais je n’ai pas réussi. Le gouvernement d’Erevan et moi-même essayons de disperser par tous les moyens les bandes arméniennes et musulmanes qui tyrannisent le peuple résigné. J’en ai informé le commandant du corps d’armée Kaz?m Karabekir. Je voudrais qu’ils prennent de leur côté les mêmes précautions dans les régions frontalières.

«Je vous prie de faire pant au commandement turc des accrochages survenus, peut-être par erreur, le 25 juin 1918, entre les détachements arméniens, turcs et tartares autochtones à proximité des villages de Koylasar et Iman?aiu. Pour empêcher la répétition d’incidents de ce genre, je voudrais que le commande ment turc m’indique à temps la date, l’itinéraire, tes effectifs et les destinations des troupes qui vont passer, et que cette question soit réglée à la Commission. A cette condition, de tels incidents ne se reproduiront plus.
Le Commandant du corps d’armée, Nazarbekof [73].»

Les documents montrent indubitablement qui sont les vrais auteurs de ce deuxième acte.
Ils établissent que ceux qui se sont livrés aux massacres après le repli des for ces russes ne sont pas tes Turcs, mais bien les comités arméniens et les bandes arméniennes.

Les Turcs doivent-ils demander aujourd’hui des comptes au sujet de ces assassinats? S’ils en demandent, à qui doivent-ils s’adresser?

Les réponses à ces questions sont laissées à l’appréciation du lecteur.
Autre point intéressant: le document mentionné ci-dessus, signé par Nazarbekof, donne une idée claire des activités d’Antranik, un des chefs des comités arméniens. Antranik, auteur des massacres perpétrés par les comités et les bandes arméniens lors du repli des Russes, n’ayant pu s’arrêter dans son élan, se mit à massacrer tes Turcs du Caucase de h’autre côté de la frontière turque. Celui qui l’avoue n’est autre que Nazarbekof, le commandant des forces armées de la république d’Arménie fondée à Erevan.

Ce même Antranik est aujourd’hui considéré comme un «héros national »par tes centres de propagande et de terrorisme arméniens.

Ainsi, nous avons passé en revue les documents authentiques.
Ce qui est vrai et ce qui est faux dans les événements de la période 1915-1918 peut être établi grâce à eux.

Le système des faux documents d’Andonian et des allégations fondées sur eux perdent toute crédibilité devant des archives authentiques.




[1] Archives de la présidence du Conseil des ministres, registre des décrets impériaux et des procès-verbaux, vol. no 235/660.
[2] Ibid., vol. no 235/611.
[3] Ibid., vol. no 235/851.
[4] Ibid., vol. no 235/1232.
[5] Ibid., vol. no 237/2190.
[6] Ibid., vol. no 237/2354.
[7] Ibid., vol. no 239/140.
[8] Ibid., ministère de l’Intérieur, Politique, dossier no 83/A/437.
[9] Ibid., ministère de l’Intérieur, dossier des télégrammes chiffrés no 53/237.
[10] Archives de l’état -major général, archive no 1/131, classeur no 2287, dossier no 32/12, index no 1/10.
[11] Ibid., archive no 4/3671, classeur no 2811, dossier no 26, index no 15/1.
[12] Ibid., classeur no 2818, dossier no 59, index no 2/54.
[13] Archives de la présidence du Conseil, ministère de l’Intérieur, dossier des télégrammes chiffrés no 48/7.
[14] Ibid., dossier des télégrammes chiffrés no 48/178-184.
[15] Ibid., dossier des télégrammes chiffrés no 50/129.

[16] Ibid., dossier Sécurité no 2.
[17] Archives de l’état-major général, archive no 4/3671, classeur no 2818, dossier no 59, index no 1/12.
[18] Archives de la présidence du Conseil, ministère de l’Intérieur, dossier des télégrammes chiffrés reçus de la préfecture de Sivas, no 10.
[19] Ibid., dossier des télégrammes chiffrés reçus de la préfecture de Sivas, no 13.
[20] Archives de l’état-major général, archive no 1/131, classeur no 2287, dossier no 12, index n0 1/37.
[21] Archives de la présidence du Conseil, ministère de l’Intérieur, dossier des télégrammes chiffrés no 52/198.
[22] Ibid., dossier des télégrammes chiffrés no 52/94-96.
[23] Archives de l’état-major, archive no 1/131, classeur no 2287, dossier no 32/12, index no 12/1.
[24] Archives de la présidence du Conseil, ministère de l’Intérieur, dossier des télégrammes chiffrés, no 53/201.
[25] Archives de l’état-major general, archive no 1/1, classeur no 44, dossier no 207, index no 2/1, 2/2.
[26] Takvim - i Vekayi, 19 mai 1331 (1er juin 1915), no 2189.
[27] Kâmuran Gürün: op. cit., p. 211.
[28] Archives de la présidence du Conseil, ministère de l’Intérieur, dossier des télégrammes chiffrés no 53/91.
[30] Ibid., dossier des télégrammes chiffrés no 53/92.
[31] Ibid., dossier des télégrammes chiffrés no 53/303.
[32] Ibid., dossier des télégrammes chiffrés no 54/202.

[33] Ibid., dossier des télégrammes chiffrés no 54/258
[34] Ibid., dossier des télégrammes chiffrés no 56/76.
[35] Ibid., dossier des télégrammes chiffrés no 57/251.
[36] Ibid., dossier des télégrammes chiffrés no 69/242.
[37] Ibid., dossier des télégrammes chiffrés no 54/244.
[38] Ibid., dossier des télégrammes chiffrés no 55/20.
[39] Ibid., dossier des télégrammes chiffrés no 55/19.
[40] Ibid., dossier des télégrammes chiffrés no 55/18.
[41] Ibid., dossier des télégrammes chiffrés no 56/17.
[42] Ibid., dossier des télégrammes chiffrés no 57/33.
[43] Ibid., dossier des télégrammes chiffrés no 60/183.
[44] Ibid., dossier des télégrammes chiffrés no 60/187.
[45] Ibid., dossier des télégrammes chiffrés no 61/286.
[46] Ibid., dossier des télégrammes chiffrés no 62/21.
[47] Ibid., registre des décrets impériaux et des procès-verbaux, vol. no 245/187.
[48] Ibid., dossier des télégrammes chiffrés no 69/87.
[49] Ibid., registre des décrets impériaux et des procès-verbaux, vol. no 207/93.
[50] Ibid., registre des décrets impériaux et des procès-verbaux, vol. no 257/909.
[51] Ibid., dossier des télégrammes chiffrés no 83.
[52] Ibid., dossier des télégrammes chiffrés no 54/150.
[53] Ibid., dossier des télégrammes chiffrés no 68/95.
[54] Ibid., dossier des télégrammes chiffrés no 55/291.
[55] Ibid., dossier des télégrammes chiffrés no 56/83.

[56] Ibid., dossier des télégrammes chiffrés no 57/115.
[57] Ibid., dossier des télégrammes chiffrés no 58/49.
[58] Ibid., dossier des télégrammes chiffrés no 61/164.
[59] Ibid., dossier des télégrammes chiffrés no 86/12.
[60] Ibid., dossier des télégrammes chiffrés no 50/47.
[61] Ibid., dossier des télégrammes chiffrés no 54/323.
[62] Ibid., registre des décrets impériaux et des procès-verbaux, vol. no 241/204.
[63] Ibid., dossier des télégrammes chiffrés no 55/297.
[64] Archives de l’état-major général, archive no 1/2, classeur no 361, dossier no 1445, index no 11/11.
[65] Archives de la présidence du Conseil des ministres, ministère de l’Intérieur, dossier des télégrammes chiffrés no 57/158.
[66] Ibid., dossier Sécurité no 2/29.
[67] Ibid., dossier des télégrammes chiffrés no 63/171.
[68] Ibid., dossier des télégrammes chiffrés no 64/194.
[69] Ibid., dossier des télégrammes chiffrés no 5.
[70] Archives de l’état-major général, archive no 4/3671, classeur no 2947, dossier no 628, index no 3/1-3/3.
[71] Ibid., archive no 4/3671, classeur no 2947, dossier no 628, index no 3/4.
[72] Ibid., archive no 1/2, classeur no 359, dossier no 1023 (1453), index no 3/36.
[73] Ibid., archive no 1/2, classeur no 401, dossier no 1578, index no 3/1.


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